Introduction
La Roumanie est depuis quelques années une destination de plus en plus attractive pour les entrepreneurs européens et internationaux. Située à l’est de l’Union européenne, elle propose une fiscalité avantageuse, une main‑d’œuvre qualifiée et des coûts d’exploitation relativement bas. Que vous soyez freelancer, investisseur immobilier, start‑up technologique ou société déjà établie, comprendre les spécificités du marché roumain est essentiel pour réussir votre implantation. Ce guide est conçu pour fournir un panorama complet des démarches, des avantages et des défis liés à la création d’une entreprise en Roumanie en 2025. En plus des informations pratiques, il offre un éclairage sur le contexte économique, fiscal, juridique et socioculturel du pays.
Contexte économique et atouts de la Roumanie
Une économie en pleine croissance
Depuis son adhésion à l’Union européenne en 2007, la Roumanie a connu une croissance économique soutenue. Son produit intérieur brut a progressé grâce à la consommation interne, aux exportations industrielles (en particulier dans l’automobile et l’électronique) et à un secteur technologique dynamique. Le pays bénéficie aussi de ressources naturelles (gaz, pétrole, minéraux) et d’une agriculture fertile, ce qui diversifie ses revenus. En 2025, malgré un contexte international marqué par l’inflation et les tensions géopolitiques, la Roumanie maintient un taux de croissance supérieur à la moyenne européenne, grâce notamment aux investissements directs étrangers et à l’afflux de fonds structurels européens. Sa position géographique, au carrefour des Balkans et de l’Europe centrale, en fait un hub logistique stratégique.
Un cadre fiscal avantageux
La fiscalité roumaine est l’une des plus attractives de la région. Les sociétés peuvent opter pour le régime des micro‑entreprises si leur chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas un certain seuil. Ce régime permet de s’acquitter d’un impôt sur le chiffre d’affaires de 1 % pour les entreprises employant au moins un salarié ou 3 % pour celles qui n’en ont pas. À partir de 2026, le plafond de chiffre d’affaires sera abaissé à 100 000 euros, ce qui nécessite une vigilance accrue pour les structures en forte croissancecounselors.legal. Au‑delà de ce seuil, ou si les conditions du régime ne sont plus remplies, l’impôt sur les bénéfices classique (16 %) s’applique. La TVA standard est de 21 % mais certains biens essentiels bénéficient d’un taux réduit de 11 %. Les dividendes sont taxés à 10 % jusqu’au 31 décembre 2025 avant d’augmenter à 16 % en 2026counselors.legal.
Une main‑d’œuvre qualifiée et compétitive
La population roumaine est jeune et bien formée. Les universités de Bucarest, Cluj‑Napoca, Iași et Timișoara, entre autres, proposent des formations en langues étrangères (anglais, français, allemand) et des filières de pointe en informatique, ingénierie et sciences économiques. Les salaires restent inférieurs à ceux des grands pays d’Europe occidentale, offrant un avantage concurrentiel aux entreprises qui souhaitent externaliser ou ouvrir des bureaux locaux. En 2025, le salaire minimum brut avoisine 700 euros, et les charges sociales restent relativement modérées. Les employés roumains sont souvent multilingues, ce qui facilite la communication avec des clients internationaux.
Infrastructures et accès au marché unique
Depuis une décennie, la Roumanie investit massivement dans ses infrastructures. Des autoroutes, des chemins de fer modernisés et des aéroports rénovés permettent de connecter efficacement les grandes villes (Bucarest, Cluj, Timișoara, Iași). Les ports de Constanța (maritime) et de Galați (fluvial) ouvrent l’accès à la mer Noire et au Danube, facilitant les échanges commerciaux avec l’Asie et l’Europe. Membre de l’Union européenne, la Roumanie bénéficie de la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, ce qui simplifie les échanges intra‑européens et réduit les barrières douanières.
Qualité de vie et coût de la vie
Le coût de la vie en Roumanie reste inférieur à celui des grandes capitales européennes. Les loyers, que ce soit pour des bureaux ou des logements, sont généralement plus bas qu’à Paris, Berlin ou Londres. Les villes de province offrent un cadre de vie agréable, alliant patrimoine historique et espaces naturels. L’accessibilité des services (santé, éducation, loisirs) et la richesse de la culture locale (gastronomie, festivals, tradition) constituent un atout pour attirer des talents étrangers.
Choisir la structure juridique adaptée
Lors de la création d’une entreprise en Roumanie, il est crucial de sélectionner la forme juridique correspondant à vos objectifs. Chaque statut présente des particularités en matière de responsabilité, de capital social, de nombre d’associés et de modalités de gouvernance. Voici les options les plus courantes :
Société à responsabilité limitée (SRL)
La SRL est le format le plus populaire auprès des entrepreneurs locaux et étrangers. Cette structure permet de limiter la responsabilité des associés à leurs apports. Une SRL peut être constituée par une ou plusieurs personnes, avec un maximum de 50 associés. Le capital social minimum symbolique est de 1 lei (moins d’un euro), ce qui rend ce modèle accessible à tout type de projet. Les avantages de la SRL incluent des formalités simplifiées, un capital social peu élevé et la possibilité d’opter pour le régime des micro‑entreprises. Toutefois, elle ne convient pas aux projets nécessitant de lever des fonds importants ou de faire appel public à l’épargne.
Société par actions (SA)
La SA s’adresse aux entreprises de grande envergure et aux projets nécessitant un capital significatif. Elle impose un capital social minimum d’environ 18 000 euros, réparti en actions librement transmissibles. Les SAs sont adaptées aux secteurs industriels, aux banques, aux assurances et aux entreprises qui souhaitent se financer sur les marchés ou attirer de nombreux actionnaires. Les dirigeants peuvent émettre des obligations, et la structure offre une meilleure visibilité et crédibilité internationale. En revanche, les formalités de constitution et de fonctionnement sont plus lourdes, et les coûts de gestion (audit, contrôle interne) plus élevés.
Entreprise individuelle (PFA) et autres statuts
Pour les travailleurs indépendants, les professions libérales et les entrepreneurs souhaitant tester une activité sans créer de société, l’entreprise individuelle (PFA – Persoană Fizică Autorizată) est une option. Elle offre une procédure simplifiée et des obligations comptables allégées mais engage la responsabilité illimitée de l’entrepreneur. D’autres formes plus rares existent, comme la société en nom collectif (SNC) où tous les associés sont indéfiniment responsables des dettes sociales, et la société en commandite simple (SCS) qui distingue les associés commandités (responsables de manière illimitée) des commanditaires (responsables à hauteur de leurs apports). Ces structures sont moins fréquentes et nécessitent l’avis d’un conseil juridique.
Étapes pour créer une société en Roumanie en 2025
1. Choix du nom et vérification de la disponibilité
La première étape consiste à choisir une dénomination sociale unique. Le nom doit être vérifié auprès du Registre du commerce (Oficiul Național al Registrului Comerțului – ONRC) afin de s’assurer qu’il n’est pas déjà utilisé par une autre entité. Il est recommandé de prévoir plusieurs variantes, car certaines appellations peuvent être refusées en raison de leur similitude avec des noms existants.
2. Définition de l’objet social
L’objet social décrit les activités principales de la société. Il doit être précis et conforme à la classification nationale des activités économiques (NACE). Certaines activités (banques, assurance, énergie) nécessitent des autorisations spécifiques ou l’agrément d’une autorité de supervision. Il est important de bien choisir les codes NACE pour éviter des modifications ultérieures coûteuses.
3. Rédaction des statuts et formalisation
Les statuts constituent la « constitution » de la société. Ils définissent la dénomination, l’objet social, la durée, le siège social, le capital social, la répartition des parts entre les associés, les règles de gouvernance et les modalités de dissolution. Ils doivent être rédigés en langue roumaine et signés par tous les associés. Bien que la loi ne requière pas la présence d’un notaire pour une SRL, il est conseillé de consulter un avocat ou un expert-comptable pour sécuriser le contenu des statuts et respecter les exigences légales.
4. Ouverture d’un compte bancaire et dépôt du capital social
Un compte bancaire professionnel doit être ouvert au nom de la société en formation. Le capital social (même symbolique) est ensuite déposé sur ce compte. La banque délivre un certificat de dépôt qui devra être présenté lors de l’enregistrement au registre du commerce. Pour une SRL, le capital peut être versé en plusieurs fois mais doit être entièrement libéré avant la fin du premier exercice social.
5. Domiciliation et siège social
La société doit disposer d’une adresse officielle en Roumanie. Il est possible de domicilier l’entreprise à son domicile, dans un espace de coworking ou via un service de domiciliation commerciale. La preuve de jouissance des locaux (contrat de bail ou attestation du propriétaire) doit être jointe au dossier de constitution.
6. Enregistrement auprès du Registre du commerce (ONRC)
Le dossier de création est déposé au bureau de l’ONRC du département où la société aura son siège social. Il comprend : la demande d’enregistrement, les statuts signés, le certificat de dépôt de capital, la preuve de domiciliation, l’attestation bancaire, la déclaration sur l’honneur des associés et dirigeants (confirmant qu’ils ne sont pas interdits de gérer une société) et le paiement de frais administratifs. L’ONRC délivre ensuite un certificat de constitution et un code d’identification fiscal (CIF). La procédure est souvent achevée en quelques jours.
7. Enregistrement fiscal et TVA
Après l’obtention du code d’identification fiscal, l’entreprise doit s’enregistrer auprès de l’Agence nationale de l’administration fiscale (ANAF). Il est nécessaire de choisir un régime de TVA (normal ou simplifié) selon le chiffre d’affaires estimé. Les entreprises dépassant un seuil de 60 000 euros sont automatiquement assujetties à la TVA et doivent déposer des déclarations mensuelles ou trimestrielles. Le régime de TVA simplifié s’applique aux micro‑entreprises qui ne dépassent pas ce seuil.
8. Comptabilité et obligations déclaratives
Les entreprises roumaines doivent tenir une comptabilité selon les normes nationales et européennes. La tenue des livres comptables peut être confiée à un expert-comptable agréé. Les déclarations fiscales (TVA, impôt sur les bénéfices ou chiffre d’affaires) doivent être déposées à l’ANAF selon un calendrier précis. L’entreprise doit également déposer chaque année ses états financiers au registre du commerce et les publier au Journal officiel. Le respect des obligations déclaratives est crucial pour éviter des pénalités.
9. Inscription auprès d’autres autorités le cas échéant
Certaines activités réglementées exigent des enregistrements supplémentaires : Autorité de supervision financière (ASF) pour les services d’investissement, Autorité nationale de régulation de l’énergie (ANRE) pour l’énergie, etc. Les entreprises opérant dans le secteur alimentaire doivent s’enregistrer auprès de l’Autorité nationale sanitaire vétérinaire et pour la sécurité alimentaire (ANSVSA).
Régime fiscal et obligations comptables en 2025
Le régime fiscal roumain combine simplicité et compétitivité. Les entreprises doivent toutefois suivre attentivement les seuils et les conditions des différents régimes.
Impôt sur les micro‑entreprises
Ce régime s’adresse aux sociétés dont le chiffre d’affaires n’excède pas 60 000 euros par an (plafond qui sera réduit à 100 000 euros en 2026). Deux taux sont appliqués :
- 1 % du chiffre d’affaires pour les entreprises employant au moins un salarié.
- 3 % pour celles n’ayant aucun salariécounselors.legal.
Pour bénéficier de ce régime, l’entreprise ne doit pas exercer certaines activités sensibles (banques, assurances, jeux d’argent, exploitation pétrolière, etc.). Elle ne doit pas non plus dépasser certaines limites de bénéfices distribués. Si ces conditions ne sont plus remplies, le régime devient caduc et l’entreprise est automatiquement soumise à l’impôt sur les bénéfices (16 %). Une fois sortie du régime des micro‑entreprises, il est impossible d’y revenir.
Impôt sur les bénéfices
Les sociétés qui ne remplissent pas les conditions du régime des micro‑entreprises, ou qui choisissent d’y renoncer, sont imposées à 16 % de leurs bénéfices nets. Ce taux reste compétitif par rapport à de nombreux pays européens. L’assiette du bénéfice est calculée en déduisant du chiffre d’affaires l’ensemble des charges déductibles (salaires, charges sociales, amortissements, intérêts d’emprunt) et en ajoutant les produits exceptionnels. Les pertes peuvent être reportées pendant sept ans. Les filiales de sociétés étrangères peuvent également opter pour le régime de consolidation fiscale afin de compenser les bénéfices et les pertes intra‑groupe.
TVA et régimes de facturation
La TVA standard est de 21 % en 2025. Des taux réduits (9 % ou 5 %) peuvent s’appliquer à certains biens ou services (aliments, médicaments, livres). Les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse le seuil de 60 000 euros sont automatiquement assujetties et doivent soumettre des déclarations périodiques (mensuelles ou trimestrielles) via les formulaires 300 et 390. Les micro‑entreprises non assujetties peuvent choisir de s’immatriculer volontairement pour récupérer la TVA sur leurs achats. Les transactions intracommunautaires nécessitent un numéro de TVA européen et des déclarations spécifiques (liste des clients intracommunautaires, modèle 390).
Taxation des dividendes
Les dividendes distribués par les sociétés roumaines sont soumis à une retenue à la source de 10 % jusqu’au 31 décembre 2025, puis de 16 % à partir de 2026counselors.legal. Les personnes physiques domiciliées en Roumanie doivent en outre payer une cotisation maladie de 10 % sur les dividendes perçus au‑delà d’un certain seuil. Des conventions fiscales bilatérales peuvent réduire la retenue pour les résidents de pays ayant signé un traité avec la Roumanie. Par exemple, la convention franco‑roumaine prévoit un taux réduit sous certaines conditions.
Contributions sociales et fiscalité du travail
Les charges sociales comprennent l’assurance maladie et l’assurance retraite. Pour les salariés, l’employeur verse environ 2,25 % pour l’assurance accidents du travail et maladies professionnelles et 4,25 % pour l’assurance chômage. Le salarié contribue à hauteur d’environ 35 % (25 % pour la retraite et 10 % pour la santé). Les micro‑entrepreneurs et les PFA doivent s’acquitter d’une contribution forfaitaire lorsqu’ils dépassent un certain seuil de revenus.
Obligations comptables et déclaratives
Toutes les entreprises roumaines doivent tenir une comptabilité en partie double et conserver les pièces justificatives pendant au moins 10 ans. Les états financiers annuels doivent être déposés auprès de l’ONRC dans les délais prescrits. Les micro‑entreprises peuvent suivre un régime comptable simplifié, tandis que les SA et les entreprises de taille intermédiaire sont soumises à un audit financier obligatoire. Des pénalités sont prévues en cas de retard ou d’omission.
Conseils pratiques et secteurs porteurs en 2025
Choisir un domaine porteur
Plusieurs secteurs offrent des perspectives intéressantes en Roumanie. Le numérique (développement logiciel, cybersécurité, services cloud) bénéficie d’un écosystème en plein essor et d’un soutien public via des incubateurs et des programmes d’innovation. L’industrie automobile et aéronautique repose sur des sous‑traitants qualifiés et des infrastructures de production modernes. L’immobilier résidentiel et commercial affiche une croissance soutenue, notamment dans les grandes villes. Le tourisme rural et le tourisme d’aventure profitent de la beauté des Carpates et de l’authenticité des villages transylvains. Enfin, les énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse) constituent un secteur stratégique soutenu par les politiques européennes de transition énergétique.
Collaborer avec des partenaires locaux
S’entourer de partenaires locaux expérimentés est indispensable pour naviguer dans les subtilités du droit et de la culture roumaine. Les avocats et experts‑comptables spécialisés dans l’accompagnement des investisseurs étrangers peuvent vous aider à structurer votre entreprise, à optimiser votre fiscalité et à respecter les obligations réglementaires. De nombreuses chambres de commerce (franco‑roumaine, britannique, allemande) organisent des événements de réseautage et mettent à disposition des guides sectoriels.
Maîtriser la langue et la culture
Bien que l’anglais soit largement utilisé dans le monde des affaires, la maîtrise du roumain est un atout. Apprendre quelques phrases et comprendre les nuances culturelles (la ponctualité, les hiérarchies, le sens de l’hospitalité) contribue à établir des relations solides avec vos partenaires et employés. Les Roumains apprécient la transparence, la politesse et le respect des engagements.
Profiter des incitations et subventions
Le gouvernement roumain et l’Union européenne proposent de nombreux programmes de financement et subventions pour soutenir l’innovation, l’exportation et la transition écologique. Les fonds structurels (FEDER, FSE+), les programmes Horizon Europe ou InvestEU, ainsi que les aides nationales (Start‑Up Nation, programmes pour les femmes entrepreneures) peuvent couvrir une partie des investissements, des salaires ou des dépenses de recherche. Se renseigner auprès des agences de développement régionales est essentiel pour identifier les opportunités.
Prévoir une stratégie de sortie et une protection des actifs
Penser dès la création à la manière de sortir de l’investissement (revente, transmission, liquidation) est une stratégie prudente. Intégrer des clauses de sortie dans les statuts et sécuriser les actifs (brevets, marques, immobilisations) sont des étapes cruciales pour protéger la valeur de votre entreprise.
Gérer les risques et la conformité
La Roumanie, comme tout marché émergent, présente des risques (variation du taux de change, complexité bureaucratique, corruption résiduelle). Mettre en place des procédures de conformité (contrôle interne, audit, respect des normes environnementales et des lois anticorruption) réduit ces risques. Le recours à des assurances spécifiques (responsabilité civile, perte d’exploitation) est également recommandé.
Conclusion
Ouvrir une société en Roumanie en 2025 offre de nombreux avantages : fiscalité concurrentielle, ressources humaines qualifiées, marché en expansion et accès au marché unique européen. Toutefois, la réussite d’un projet entrepreneurial dépend d’une préparation minutieuse et d’une compréhension approfondie des obligations légales et fiscales. Ce guide a passé en revue les étapes clés – du choix de la forme juridique à l’enregistrement fiscal – ainsi que les régimes d’imposition, les secteurs porteurs et les conseils pratiques pour s’implanter durablement. En vous appuyant sur l’expertise de professionnels locaux et en restant à jour des évolutions réglementaires, vous pourrez transformer votre projet en une réalité prospère.
Pour plus d’informations détaillées sur les démarches administratives et les dispositions fiscales en Roumanie, consultez également : ce guide complet et cet article spécialisé.
Financement public et subventions disponibles
La Roumanie bénéficie de la politique de cohésion de l’Union européenne, qui finance des projets à travers plusieurs fonds structurels. Parmi eux, le Fonds européen de développement régional (FEDER) soutient les investissements dans les infrastructures, l’innovation et la transition numérique. Les entreprises peuvent obtenir des subventions pour construire des usines, moderniser des lignes de production, digitaliser leurs process ou développer des plateformes en ligne. Le Fonds social européen Plus (FSE+) finance des programmes de formation, de reconversion professionnelle et d’inclusion sociale, permettant aux sociétés de former leurs collaborateurs et d’améliorer leurs compétences.
Le programme Horizon Europe, qui remplace Horizon 2020, soutient la recherche et l’innovation à l’échelle continentale. Les start‑ups et PME roumaines engagées dans des projets technologiques peuvent bénéficier de subventions et d’assistance technique. InvestEU, quant à lui, mobilise des prêts garantis par l’UE pour stimuler les secteurs stratégiques et les investissements durables. Au niveau national, le gouvernement propose des programmes comme Start‑Up Nation, destinés à encourager la création de nouvelles entreprises, et WOMAN TECH, qui soutient les projets portés par des femmes entrepreneurs. Pour accéder à ces aides, il est recommandé de travailler avec des consultants spécialisés dans le montage de dossiers et la gestion des fonds européens, car les procédures sont souvent complexes.
Les entreprises situées dans des régions moins développées peuvent obtenir des incitations fiscales supplémentaires et des subventions plus généreuses. Par exemple, la région nord‑est (Moldavie) et le sud‑ouest (Oltenie) offrent des exonérations de certaines taxes locales et des réductions de charges sociales. Les projets liés à l’économie verte (énergies renouvelables, gestion des déchets, économie circulaire) bénéficient également d’une attention particulière dans le cadre du plan national de résilience et de relance (PNRR), financé par l’UE.
Financement privé et levée de capitaux
En parallèle des subventions publiques, les entreprises roumaines peuvent solliciter des financements privés. Le système bancaire local est stable, avec des banques internationales (ING, UniCredit, Raiffeisen) et nationales (Banca Transilvania, CEC Bank) qui proposent des prêts à des taux d’intérêt compétitifs. Les prêts d’investissement, de trésorerie ou de leasing peuvent couvrir l’acquisition de machines, l’achat d’immobilier professionnel ou la constitution d’un fonds de roulement. Les banques exigent en général un business plan solide, des garanties (hypothèques, cautions) et une démonstration de la viabilité financière.
Le capital‑risque (venture capital) est en plein essor en Roumanie, notamment dans le domaine des technologies de l’information. Des fonds spécialisés (GapMinder, Catalyst, Early Game Ventures) cherchent à investir dans des start‑ups prometteuses et offrent, en plus des capitaux, un accompagnement stratégique. Les business angels locaux et internationaux participent aux tours de financement, souvent via des plateformes de mise en relation. Les levées de fonds via des plateformes de crowdfunding commencent également à se développer, permettant aux entrepreneurs de tester leur concept et de financer leurs prototypes sans diluer leur capital trop rapidement.
Les programmes d’accélérateurs et d’incubateurs (Techcelerator, Seedcamp, Spherik) offrent un soutien intégré : financement d’amorçage, mentorat, accès à un réseau d’experts et de clients potentiels. Ces structures sont souvent cofinancées par des fonds européens et travaillent en partenariat avec des universités et des grandes entreprises.
Soutien local, incubateurs et écosystèmes
La réussite d’un projet entrepreneurial dépend aussi du soutien local. Plusieurs villes roumaines disposent de parcs technologiques, de hubs d’innovation et de clusters sectoriels. Le parc scientifique de Cluj‑Napoca, par exemple, rassemble des entreprises technologiques, des centres de recherche et des espaces de coworking qui favorisent la synergie entre start‑ups et institutions académiques. À Bucarest, l’initiative « Innovation Labs » permet aux étudiants et aux jeunes entrepreneurs de transformer leurs idées en projets viables grâce à des hackathons, du coaching et des financements.
Les incubateurs régionaux, souvent gérés par les universités ou les municipalités, offrent des services de domiciliation, de secrétariat, de mise en réseau et d’assistance juridique. Ils organisent des formations sur la fiscalité, la rédaction de business plans, la gestion des ressources humaines et la recherche de financements. Les chambres de commerce bilatérales (franco‑roumaine, américano‑roumaine, germano‑roumaine) jouent un rôle central dans l’intégration des investisseurs étrangers en proposant des rencontres B2B, des salons professionnels et des conférences thématiques.
Gestion quotidienne de l’entreprise et bonnes pratiques
Une fois la société créée, la gestion quotidienne nécessite une vigilance permanente. Il est conseillé de tenir à jour un calendrier des obligations fiscales et sociales afin de déposer les déclarations dans les délais. L’utilisation d’outils de comptabilité en ligne et de logiciels de gestion de projet facilite la coordination entre les équipes et la consolidation des informations financières. Externaliser la comptabilité et la paie à un cabinet local permet de se concentrer sur le développement commercial tout en respectant les normes nationales.
La gestion des ressources humaines doit tenir compte de la législation du travail roumaine, qui prévoit une durée maximale de travail hebdomadaire de 40 heures, des congés payés (minimum 21 jours ouvrables par an) et des droits syndicaux. Les contrats à durée déterminée sont limités et les licenciements doivent respecter une procédure stricte. Les formations continues et les avantages sociaux (assurance privée, tickets repas, horaires flexibles) constituent des leviers pour attirer et fidéliser les talents.
Points de vigilance et erreurs à éviter
Malgré un environnement favorable, certaines erreurs sont fréquentes chez les entrepreneurs étrangers. Parmi les principales :
- Sous‑estimer la bureaucratie : bien que les procédures se soient simplifiées, certaines formalités (obtention de licences, enregistrement à la TVA, autorisations sectorielles) restent complexes et longues. Ne pas respecter les échéances peut entraîner des amendes.
- Ignorer les particularités culturelles : les négociations en Roumanie demandent patience et diplomatie. Il est important de construire des relations basées sur la confiance et le respect.
- Négliger la langue : si l’anglais est courant dans les grandes villes, la plupart des documents officiels sont en roumain. Faire appel à un traducteur assermenté et à des conseillers locaux est indispensable.
- Ne pas anticiper la croissance : il est judicieux de prévoir dans les statuts et le plan d’affaires des clauses sur l’entrée de nouveaux associés, l’augmentation de capital et la transmission des parts. Cela évite des blocages lorsque l’entreprise se développe.
- Ignorer les évolutions légales : la fiscalité roumaine évolue régulièrement. Se tenir informé des lois et règlements (via des bulletins officiels ou des cabinets spécialisés) permet d’optimiser la fiscalité et d’éviter les mauvaises surprises.
Glossaire des principaux termes
Capital social
Le capital social représente la valeur totale des apports effectués par les associés ou actionnaires lors de la constitution de l’entreprise. Il peut être en numéraire ou en nature et constitue le gage des créanciers. En Roumanie, la SRL nécessite un capital minimum symbolique de 1 lei, tandis que la SA impose un capital élevé. La fixation du capital social doit prendre en compte les besoins de financement et les exigences des partenaires financiers.
CIF/CUI
Le code d’identification fiscale (CIF) ou code d’identification unique (CUI) est attribué par l’administration fiscale (ANAF) au moment de la constitution de l’entreprise. Ce numéro unique sert à identifier la société dans toutes ses relations avec l’administration fiscale, la TVA, les déclarations et les factures.
ONRC
L’Oficiul Național al Registrului Comerțului est l’institution qui gère l’immatriculation des entreprises en Roumanie. Elle vérifie les documents constitutifs et délivre le certificat d’enregistrement. Le dépôt se fait au niveau du département où se situe le siège social.
ANAF
L’Agence nationale de l’administration fiscale est l’autorité responsable de la collecte des taxes et impôts. Elle administre la TVA, l’impôt sur les bénéfices, l’impôt sur le revenu des personnes physiques et les contributions sociales. Les entreprises doivent déposer leurs déclarations périodiques et payer leurs obligations via les portails de l’ANAF.
SRL
La société à responsabilité limitée est la structure la plus utilisée par les entrepreneurs en raison de sa simplicité et de la limitation de la responsabilité. Les associés ne sont responsables qu’à hauteur de leurs apports.
SA
La société par actions permet d’émettre des actions et de lever des capitaux auprès d’un grand nombre d’investisseurs. Elle est adaptée aux entreprises de grande taille et exige un capital élevé.
PFA
La Persoană Fizică Autorizată est l’équivalent d’une entreprise individuelle. Elle convient aux professions libérales et aux entrepreneurs seuls. Sa constitution est simple mais la responsabilité est illimitée.
Statuts
Document juridique qui fixe les règles de fonctionnement de la société (dénomination, objet, capital, répartition des parts, siège, durée, gouvernance). Il doit être rédigé avec soin pour éviter les litiges futurs.
Registre du commerce
Base de données officielle où sont enregistrées toutes les sociétés. Elle garantit la publicité et l’opposabilité des actes de la société envers les tiers. Les modifications statutaires doivent y être enregistrées.
TVA intracommunautaire
Numéro de TVA valide pour les échanges intracommunautaires. Les entreprises l’utilisent pour émettre des factures sans TVA à des clients situés dans d’autres États membres. Des déclarations spécifiques sont exigées.
Dividendes
Distribution des bénéfices aux associés ou actionnaires. En Roumanie, les dividendes sont soumis à une retenue à la source et peuvent entraîner des cotisations sociales complémentaires.
Audit
Examen indépendant des états financiers réalisé par un commissaire aux comptes. Obligatoire pour les SA et les entreprises dépassant certains seuils de chiffre d’affaires. Il garantit la transparence et la fiabilité des comptes.
Cotisations sociales
Contributions obligatoires payées par l’employeur et l’employé pour financer la retraite, la santé, le chômage et d’autres prestations. Leur calcul dépend du niveau de salaire et du statut de l’entreprise.
Force majeure
Événement imprévisible et irrésistible qui exonère temporairement les parties de leurs obligations contractuelles. Dans les contrats commerciaux roumains, une clause de force majeure est souvent insérée pour se protéger contre les catastrophes naturelles, les conflits ou les grèves.
Clause pénale
Clause prévoyant une indemnité déterminée à l’avance en cas d’inexécution ou de retard. Elle incite les parties à respecter leurs engagements et simplifie la preuve du préjudice.
Licence commerciale
Autorisation délivrée par l’administration pour exercer certaines activités réglementées (pharmacie, transport, restauration). Elle prouve que l’entreprise respecte les normes de sécurité et de qualité.
Réglementations sectorielles spécifiques
Chaque secteur économique est soumis à des réglementations spécifiques qui encadrent son fonctionnement. Dans l’agriculture, par exemple, les entreprises doivent respecter les normes de sécurité alimentaire, obtenir des certificats phytosanitaires et se conformer aux règles de la PAC. L’importation et l’exportation de produits agricoles nécessitent des licences et des contrôles vétérinaires rigoureux. Les exploitants viticoles doivent s’inscrire au registre des appellations et suivre des cahiers des charges précis. Pour les activités industrielles lourdes (sidérurgie, chimie), des autorisations environnementales sont requises. Les entreprises doivent effectuer des études d’impact, gérer les déchets et réduire leurs émissions selon les normes européennes. Ne pas se conformer à ces obligations peut entraîner des sanctions et la suspension des activités.
Le secteur des services financiers est supervisé par l’Autorité de surveillance financière (ASF) qui délivre des licences aux courtiers en assurance, aux sociétés d’investissement et aux fonds de pension. Les entreprises doivent justifier de fonds propres suffisants, de procédures de conformité et de contrôles internes. Elles sont soumises à des audits réguliers et à des obligations de reporting. Dans les télécommunications, l’Autorité nationale pour la régulation et l’administration des communications (ANCOM) attribue les licences de fréquence, fixe les tarifs d’interconnexion et surveille la concurrence. Les opérateurs doivent respecter des standards de qualité de service et garantir la protection des données des utilisateurs.
Le secteur de la construction exige l’obtention d’un permis de construire, la conformité avec les normes urbanistiques et la coordination avec les autorités locales. Les chantiers doivent répondre aux règles de sécurité au travail et aux prescriptions techniques. Les entrepreneurs étrangers souhaitant investir dans l’immobilier doivent être accompagnés par des architectes et des ingénieurs locaux pour naviguer dans la complexité des règlements. Enfin, le secteur médical, encadré par le Ministère de la Santé, impose des autorisations strictes aux cliniques et laboratoires. Les professionnels doivent être inscrits à l’Ordre des médecins ou des pharmaciens et suivre une formation continue.
Marketing et développement de la clientèle
Le succès d’une entreprise en Roumanie dépend également de sa capacité à toucher sa clientèle. Le marketing digital est un levier majeur, car la population roumaine est très connectée. La publicité sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, TikTok) permet de cibler des audiences spécifiques, tandis que les campagnes Google Ads aident à attirer des prospects qualifiés. Le contenu localisé (en roumain ou en anglais) doit être adapté aux habitudes de consommation et aux références culturelles du pays. Les influenceurs roumains jouent un rôle grandissant et peuvent accroître la visibilité d’une marque auprès des jeunes consommateurs.
Les salons professionnels et foires commerciales sont des occasions de rencontrer des clients potentiels et de conclure des partenariats. Le Salon international de l’agriculture à Bucarest, par exemple, rassemble chaque année des milliers de visiteurs et exposants. Participer à des événements sectoriels (technologie, bâtiment, santé) permet de comprendre les tendances du marché et de renforcer sa présence. La presse spécialisée et les médias économiques locaux (Ziarul Financiar, Business Review) offrent des espaces de publicité ciblée et des analyses qui aident à définir une stratégie marketing efficace.
Le service client doit être attentif et personnalisé. Les Roumains attachent de l’importance aux relations humaines et à la réactivité. Offrir un support multilingue et des solutions adaptées aux besoins des consommateurs est un gage de fidélisation. La mise en place de programmes de fidélité, de réductions pour les clients réguliers et d’enquêtes de satisfaction contribue à créer une base de clients durable. Enfin, les partenariats avec des distributeurs locaux, des marketplaces et des réseaux de franchisés peuvent accélérer la pénétration du marché.
E‑commerce et digitalisation
La pandémie de COVID‑19 a accéléré la digitalisation en Roumanie. Les commerces en ligne se multiplient et les consommateurs sont de plus en plus habitués à commander par Internet. Pour les entreprises étrangères, créer un site e‑commerce localisé est un moyen rapide de pénétrer le marché. Il convient de proposer des moyens de paiement adaptés : cartes bancaires roumaines, paiements mobiles et virements bancaires. Les opérateurs logistiques, comme Fan Courier et Cargus, assurent des livraisons rapides dans tout le pays.
Les réglementations e‑commerce incluent l’obligation d’indiquer clairement les prix, les frais de livraison et les conditions de retour. La conformité au Règlement général sur la protection des données (RGPD) est indispensable pour protéger les informations personnelles des clients. Les entreprises doivent mettre en place des politiques de confidentialité transparentes et offrir la possibilité aux utilisateurs de gérer leurs données.
La digitalisation ne se limite pas aux ventes en ligne. L’automatisation des processus internes (facturation électronique, gestion des stocks, CRM) améliore l’efficacité et réduit les erreurs humaines. Des solutions SaaS sont disponibles en roumain et en anglais pour faciliter la gestion des ressources humaines, le suivi des projets et la communication interne. Les entreprises qui investissent dans la transformation numérique se dotent d’un avantage compétitif durable.
Comparaison avec d’autres juridictions européennes
Choisir la Roumanie pour créer une société implique de comparer ses avantages à ceux d’autres pays voisins. Par rapport à la Bulgarie, la Roumanie offre un marché intérieur plus vaste, une main‑d’œuvre plus qualifiée et un environnement de start‑up plus dynamique. La fiscalité y est légèrement plus élevée, mais les infrastructures et la stabilité juridique compensent cet écart. Comparée à la Hongrie, la Roumanie propose un régime des micro‑entreprises plus favorable pour les petites structures, tandis que la Hongrie attire les investisseurs par son taux d’imposition des sociétés de 9 %. La Roumanie se distingue par une meilleure diversification sectorielle et une politique de soutien aux PME plus cohérente.
L’Allemagne et la France offrent des marchés plus matures et des infrastructures haut de gamme, mais leurs charges sociales et fiscales sont considérablement plus élevées. Les entrepreneurs qui souhaitent tester un produit ou un service innovant en Europe de l’Est trouvent en Roumanie un terrain d’expérimentation moins coûteux et plus flexible. Toutefois, pour les projets à très forte intensité capitalistique, l’accès aux financements et aux talents spécialisés peut être plus simple dans les grands pays. L’Irlande et les Pays‑Bas se sont imposés comme des hubs fiscaux pour les multinationales, mais la Roumanie offre la possibilité d’accéder à un marché régional en plein essor et à des incitations adaptées aux jeunes entreprises.
Comparer les régimes juridiques permet aussi de mieux comprendre les procédures de création. En Roumanie, l’enregistrement d’une SRL peut se faire en quelques jours, tandis qu’en Espagne ou en Italie les délais sont plus longs en raison de procédures notariales et de formalités bancaires. La Roumanie se situe donc à mi‑chemin entre la flexibilité de certains pays baltes et la rigueur administrative de l’Europe occidentale.
Études de cas et témoignages d’entrepreneurs
Cas d’une start‑up technologique française
Claire, ingénieure en informatique originaire de Lyon, a décidé de créer sa start‑up en Roumanie en 2024. Son entreprise développe une plateforme de cybersécurité basée sur l’intelligence artificielle. Après avoir comparé plusieurs pays d’Europe de l’Est, elle a choisi Cluj‑Napoca pour la qualité de son écosystème technologique et la présence d’un vivier de développeurs de haut niveau. Elle a constitué une SRL en moins de deux semaines, avec un capital de départ de 1000 euros. Grâce au régime des micro‑entreprises, elle a pu limiter ses charges fiscales lors des premières années, ce qui lui a permis de réinvestir ses revenus dans la recherche. Claire souligne l’importance d’avoir un partenaire local pour gérer la comptabilité et la fiscalité, ainsi que la nécessité de créer un réseau afin de recruter les meilleurs talents.
Témoignage d’un investisseur immobilier belge
Jean‑Claude, propriétaire de plusieurs immeubles en Belgique, souhaitait diversifier son portefeuille. Séduit par les rendements offerts par le marché roumain, il a acheté un bâtiment historique à Sibiu pour le transformer en hôtel. Il a créé une société par actions (SA) pour pouvoir réunir des investisseurs européens autour de son projet. Les démarches ont été plus longues et plus coûteuses que pour une SRL, mais la possibilité de lever des fonds plus importants et d’émettre des actions a compensé ces contraintes. Jean‑Claude a bénéficié d’exonérations fiscales locales offertes par la municipalité de Sibiu pour la rénovation du patrimoine, et il souligne que les services d’un avocat roumanophone ont été indispensables pour négocier les contrats de construction.
Exemple d’une entreprise de services britannique
Une société de conseil en management basée à Londres a décidé d’ouvrir une filiale en Roumanie pour accéder au marché local et proposer des services de transformation numérique aux entreprises roumaines. La société mère a créé une succursale plutôt qu’une SRL afin de simplifier la gestion et de transférer les bénéfices directement. Toutefois, cette structure implique que la société mère reste pleinement responsable des dettes de la succursale. Le processus d’enregistrement a nécessité la fourniture de documents certifiés et traduits, l’ouverture d’un compte bancaire local et l’inscription auprès de l’ANAF. La société a réussi à décrocher ses premiers contrats en collaborant avec des chambres de commerce et en participant à des forums économiques internationaux.
Enseignements tirés
Ces cas mettent en évidence la diversité des motivations et des démarches : optimisation fiscale pour les start‑ups, diversification pour les investisseurs immobiliers et développement régional pour les filiales de groupes étrangers. Ils montrent l’importance de bien choisir la forme juridique, de s’informer sur les subventions disponibles et de s’appuyer sur des partenaires locaux pour éviter les pièges administratifs.
Démarches spécifiques pour les expatriés
Les entrepreneurs étrangers qui souhaitent s’installer en Roumanie doivent respecter certaines formalités supplémentaires. Les ressortissants de l’Union européenne peuvent circuler librement et créer une société sans visa particulier. Ils doivent toutefois obtenir un numéro d’identification fiscale personnel (NIF) et s’enregistrer auprès de l’inspectorat général de l’immigration s’ils restent plus de 90 jours. Les entrepreneurs provenant de pays tiers doivent demander un visa long séjour pour activités économiques (type D), puis un permis de résidence qui est renouvelable chaque année. Il est conseillé de s’adresser à un avocat spécialisé en droit de l’immigration pour préparer le dossier.
Pour ouvrir un compte bancaire personnel ou professionnel, les expatriés doivent fournir un passeport, un justificatif de domicile et une preuve de résidence en Roumanie. Certaines banques exigent également un extrait de casier judiciaire traduit et apostillé. La connaissance du roumain n’est pas obligatoire pour l’ouverture du compte, mais elle peut être demandée dans le cadre de procédures administratives (rédaction des statuts, signature d’actes notariés). La collaboration avec un interprète autorisé est souvent nécessaire pour garantir la compréhension des documents légaux.
Le système de santé roumain propose une couverture de base pour les résidents. Les expatriés doivent contribuer aux cotisations sociales s’ils perçoivent un revenu en Roumanie, et ils peuvent compléter leur protection par une assurance santé privée. L’inscription à la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAS) donne accès aux services publics, tandis que des assurances complémentaires auprès de compagnies privées couvrent les soins dans les cliniques privées.
Chiffres clés du marché et tendances pour 2025
- Croissance du PIB : selon les prévisions de la Banque nationale de Roumanie, le PIB devrait croître de 3,7 % en 2025, porté par la consommation et les investissements publics. Ce chiffre est supérieur à la moyenne de la zone euro et place la Roumanie parmi les économies les plus dynamiques de l’Union.
- Taux d’inflation : l’inflation est attendue autour de 5 %, en légère baisse par rapport à 2024, grâce au recul des prix de l’énergie et à la stabilisation des matières premières.
- Investissements directs étrangers : en 2024, la Roumanie a attiré plus de 10 milliards d’euros d’investissements étrangers, principalement dans les secteurs de l’automobile, des technologies de l’information et des télécommunications. Ce volume devrait se maintenir en 2025 grâce aux programmes de relance européens.
- Taux de chômage : le taux de chômage se situe autour de 5 %, avec des variations régionales. Les zones urbaines comme Bucarest, Cluj et Timișoara affichent un taux inférieur à 3 %, tandis que les régions rurales dépassent parfois 7 %. La pénurie de main‑d’œuvre qualifiée est un enjeu pour les entreprises technologiques.
- Digitalisation : selon un rapport de la Commission européenne, 80 % des Roumains utilisent régulièrement Internet et plus de 70 % des entreprises ont adopté des solutions de cloud computing. L’indice DESI (Digital Economy and Society Index) place la Roumanie dans le top 15 européen en matière de connectivité, mais souligne des progrès à faire dans l’intégration des technologies numériques dans les entreprises.
Développement durable et responsabilité sociétale
Les questions de durabilité prennent une place croissante dans la stratégie des entreprises roumaines. Le gouvernement encourage les initiatives vertes via des incitations fiscales et des subventions pour les projets d’efficacité énergétique, de recyclage et de production d’énergie renouvelable. Les entreprises qui investissent dans des équipements réduisant les émissions de carbone peuvent bénéficier de déductions fiscales et de financements préférentiels. Les obligations de rapport environnemental se renforcent, notamment pour les entreprises cotées et celles qui dépassent certains seuils d’effectifs.
La responsabilité sociétale (RSE) devient également un critère de compétitivité. Les consommateurs et les partenaires d’affaires sont de plus en plus attentifs à l’origine des produits, aux conditions de travail et à l’impact social des entreprises. Intégrer des pratiques durables (économie circulaire, réduction des déchets, égalité salariale) contribue à renforcer la réputation et à accéder à de nouveaux marchés. Des labels et certifications (ISO 14001, EMAS) attestent de l’engagement des entreprises et facilitent l’obtention de contrats publics.
Aspects culturels et négociation en Roumanie
Réussir en affaires ne dépend pas uniquement des aspects juridiques et financiers ; la compréhension de la culture locale joue un rôle central. La Roumanie est un pays de tradition latine, où les relations personnelles et la confiance sont essentielles. Les rencontres d’affaires commencent souvent par des échanges informels ; il est apprécié de prendre le temps de connaître ses interlocuteurs avant d’aborder des sujets techniques. La ponctualité est importante, mais des retards modestes peuvent être tolérés dans certains contextes. Il est recommandé de confirmer les rendez‑vous à l’avance et de respecter les hiérarchies : saluer en premier la personne la plus senior et utiliser les titres académiques (docteur, ingénieur) témoigne de respect.
La communication est généralement directe mais polie. Les Roumains apprécient la transparence et n’hésitent pas à exprimer leurs inquiétudes ou leurs opinions. Durant les négociations, il est conseillé de présenter des arguments solides et de démontrer la valeur ajoutée de votre projet. Les concessions se font souvent étape par étape ; un refus brusque peut être interprété comme de l’hostilité. Les contrats doivent être rédigés de manière détaillée pour éviter tout malentendu. Les réunions se terminent souvent par un repas où les partenaires échangent sur des sujets personnels. Accepter une invitation à dîner renforce les relations de confiance.
Étiquette et réseaux informels
Les cadeaux d’affaires ne sont pas indispensables, mais offrir un souvenir de votre pays est apprécié, à condition qu’il ne soit pas excessivement luxueux. Les échanges de cartes de visite sont courants ; il est recommandé d’avoir des cartes en roumain et en anglais. Les réseaux informels jouent un rôle important dans la vie professionnelle : les clubs d’affaires, les associations sectorielles et les événements culturels sont l’occasion de rencontrer des décideurs. Participer à des événements locaux (festivals, expositions) témoigne de votre intérêt pour la culture et peut ouvrir des portes inattendues.
Rôles des femmes et diversité
La société roumaine évolue rapidement vers une plus grande égalité des sexes. De nombreuses femmes occupent des postes de direction dans les entreprises et les institutions publiques. Toutefois, certaines industries restent dominées par les hommes. Encourager la diversité et l’inclusion au sein de votre entreprise est perçu comme un signe de modernité et de responsabilité sociale. Les politiques internes contre la discrimination et le harcèlement doivent être mises en place et communiquées clairement.
Gestion des risques juridiques et litiges
Malgré les précautions, des différends peuvent survenir entre partenaires, fournisseurs ou clients. Il est conseillé d’intégrer dans les contrats des clauses d’arbitrage ou de médiation pour résoudre les conflits rapidement. En Roumanie, l’arbitrage est reconnu et souvent préféré aux tribunaux ordinaires pour sa rapidité et la confidentialité qu’il offre. Des centres d’arbitrage existent à Bucarest et à Cluj, avec des arbitres spécialisés dans le droit commercial. La médiation est également encouragée par la loi, notamment dans les litiges civils, commerciaux et familiaux.
Les entreprises doivent se protéger contre les risques de fraude et de non‑paiement. Vérifier la solvabilité des partenaires via des registres publics et exiger des garanties (cautions, lettres de crédit) minimise les risques. La cybersécurité est un enjeu majeur : les attaques par ransomware et le phishing se multiplient. Mettre en œuvre des politiques de sécurité (authentification à deux facteurs, sauvegardes régulières, formation des employés) est indispensable pour protéger les données sensibles. L’assurance contre les cyber‑risques se développe et peut couvrir les coûts liés à la restauration des systèmes et aux indemnités versées aux clients.
Responsabilité pénale et conformité réglementaire
Les dirigeants et administrateurs peuvent être tenus responsables pénalement en cas de non‑respect des obligations légales. Le Code pénal roumain prévoit des sanctions pour la fraude fiscale, la corruption et le blanchiment d’argent. Les entreprises doivent mettre en place des procédures de conformité et de contrôle interne pour prévenir ces infractions. Les programmes de compliance incluent la formation du personnel, l’instauration de canaux de signalement (whistleblowing) et la supervision par un comité d’éthique. Les audits internes et externes contribuent à identifier les faiblesses et à mettre en œuvre des plans d’action correctifs.
Assurance et gestion des sinistres
Souscrire des polices d’assurance adaptées est un moyen efficace de transférer certains risques. Outre l’assurance obligatoire pour les véhicules et la responsabilité civile, il existe des assurances spécifiques pour la responsabilité professionnelle, la protection juridique, l’assurance incendie, l’assurance perte d’exploitation et l’assurance responsabilité des dirigeants (D&O). Les contrats doivent être rédigés avec attention et adaptés aux besoins de chaque entreprise. En cas de sinistre, il est important de déclarer rapidement les dommages à l’assureur et de conserver toutes les preuves nécessaires (photos, rapports de police, témoignages). La gestion proactive des sinistres réduit leur impact sur l’activité et limite les litiges avec les assureurs.
Perspectives futures et réformes à venir
En regardant au-delà de 2025, plusieurs évolutions sont déjà annoncées. Le gouvernement roumain prévoit d’abaisser le plafond des micro‑entreprises à 100 000 euros dès 2026, ce qui poussera certaines entreprises à passer au régime de l’impôt sur les bénéfices. Parallèlement, la digitalisation de l’administration fiscale (e‑Factura) sera généralisée, obligeant toutes les entreprises à émettre des factures électroniques pour les transactions B2B et B2G. Cette réforme vise à lutter contre la fraude à la TVA et à améliorer la transparence. Les entrepreneurs devront adapter leurs systèmes de gestion pour se conformer à ces nouvelles obligations.
Le marché de l’énergie est en pleine mutation, avec un accent renforcé sur les énergies renouvelables. La Roumanie dispose d’un potentiel important en matière d’éolien terrestre et en mer Noire, ainsi que de solaire. Le gouvernement entend faciliter les investissements dans ces secteurs en simplifiant les procédures d’autorisation et en offrant des tarifs garantis pour l’électricité verte. Les projets d’hydrogène vert, soutenus par l’Union européenne, émergent également comme une opportunité pour diversifier l’économie.
Dans le domaine du transport, les projets d’infrastructures se poursuivent. La construction de nouvelles autoroutes reliant la Transylvanie et la Moldavie, la modernisation des lignes ferroviaires et le développement des transports urbains durables (métros, tramways électriques) amélioreront la mobilité. Ces investissements offriront des opportunités aux entreprises de construction, d’ingénierie et de technologie. En parallèle, les services logistiques (entreposage, e‑commerce, livraison dernier kilomètre) continueront de croître.
La Roumanie ambitionne également de renforcer son système éducatif et de rapprocher l’université de l’entreprise. Les partenariats public‑privé dans le domaine de la recherche devraient se multiplier, et les programmes de formation continue seront adaptés aux besoins du marché. Les entreprises qui investissent dans la formation de leurs employés et la collaboration avec les universités bénéficieront d’avantages fiscaux et d’un accès privilégié à la main‑d’œuvre qualifiée.
Enfin, la réforme de la justice et la lutte contre la corruption resteront des priorités. Une justice plus efficace et un environnement des affaires transparent contribuent à la confiance des investisseurs. Les réformes en cours au sein du système judiciaire, ainsi que l’adoption des standards européens en matière de gouvernance, sont des signaux encourageants pour les entrepreneurs étrangers.
Mot de la fin
En somme, la Roumanie offre un environnement attrayant pour les investisseurs et les entrepreneurs désireux de s’établir en Europe de l’Est. Sa fiscalité compétitive, sa main‑d’œuvre qualifiée et son dynamisme économique sont des atouts indéniables. Toutefois, le succès d’un projet nécessite une préparation minutieuse, une compréhension fine du cadre juridique et fiscal, et une adaptation culturelle. Ce guide vise à faciliter cette aventure en fournissant des repères complets. Les opportunités sont nombreuses pour celles et ceux qui sauront naviguer entre ambition, prudence et innovation.

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